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Les acquisitions des Amis du Musée

Depuis sa création, la Société des Amis contribue à l'enrichissement des collections du Musée des Beaux-arts de Nantes, notamment par l’apport d’œuvres contemporaines et régionales.

Au sein de l’association, une commission d’acquisition, constituée d’amateurs d’art et de collectionneurs, assume un rôle de découvreur et étaye ses choix parfois audacieux sur la recherche documentaire et les connaissances de ses membres.

Elle s’efforce, dans le foisonnement des expressions et des œuvres actuelles, de distinguer l’éphémère de ce qui résistera au temps et aux futures générations.

Après décision de la commission des musées nationaux, les Amis du Musée ont enrichi les collections municipales de plus de 300 œuvres. Nombreuses d’entre elles peuvent être qualifiées d'essentielles et font aujourd'hui date dans l'évolution des arts.

Dès 1922, Claude Monet fit don à la jeune association d’un grand tableau représentant les « Nymphéas à Giverny ». Depuis, les Amis ont fait notamment entrer des œuvres de Max Jacob, Georges Rouault, Gaston Chaissac, Camille Bryen, Jean Gorin, Henri Michaux, Per Kirkeby, Philippe Cognée, Fabrice Hyber, Aurélie Nemours…

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Deux oeuvres de Fabrice Samyn acquises par les Amis du Musée seront exposées au Musée d'arts de Nantes à partir du 15 mai prochain.

-Compass, Oil on agave flower

-Embers, Olive tree (wood, engraving, golden leaves)

Dans la scupture "Olive tree", il met en avant les stigmates d'un arbres en traçant à la feuille d'or les galeries formées en surface par les vers. Celles-ci renferment à la fois la beauté de la condition mortelle et celle de l'éternité.

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La collection des Amis du Musée s’enrichit d’une nouvelle acquisition en ce début d’année 2018 : une photographie d’Alice Godeau, lauréate du prix du CLOU 2017 (tirage 1/3, un seul tirage au format 100 x 100 cm, sous un verre antireflet). L’artiste l’intitule « Trop loin ou trop près? La question du format du réel ».

Une interrogation surgit d’emblée à la vue de l’œuvre : de quoi s’agit-il ?

D’une photo de type astronomique représentant une planète, la lune par exemple ? D’une culture bactériologique prise dans une boite de Pétri ?

Alice Godeau ne joue pas aux devinettes avec nous et nous donne immédiatement la solution avant toute tentative de notre part pour trouver la bonne réponse. Ayant vécu à la Cité Radieuse du Corbusier, elle a été frappée par l’étrangeté de l’image produite par l’éclairage que diffusent les œils  de bœuf. Ces impostes en forme de hublot rond éclairent les couloirs du bâtiment le jour. L’image est produite par la lumière filtrée par la saleté liée à des nettoyages trop peu fréquents.

Aucun procédé n’est donc utilisé pour produire une telle photographie. Cette image n’est que la représentation de poussières déposées sur une vitre ronde qui filtrent la lumière à contre-jour.

Pas de jeu esthétique ou de connivence intellectuelle non plus, Alice Godeau ne « convoque » nullement Marcel Duchamp et son « Élevage de poussière ».

Mais une question importante, question qui est souvent revenue dans nos entretiens, est traitée dans cette œuvre : quel format est à même de traduire ou de trahir la représentation du réel ?

Si la contingence économique dont souffre une jeune artiste a longtemps limité sa réflexion sur le plan théorique, ses premiers succès et la dotation de 1000 €uros du prix du Clou lui permettent de passer de la théorie à la pratique. Tout cela pour dire qu’Alice Godeau n’avait pas jusqu’alors les moyens de produire ses images dans le format qu’elle souhaitait (les tirages sont d’autant plus coûteux qu’ils sont grands).

Cette question du format est souvent abordée dans l’art contemporain et principalement dans la photographie postérieure aux années 80 qui a souvent versé dans une sorte de course aux grands tirages pour accéder au statut d’art majeur. Cette compétition avec la peinture – détentrice jusqu’alors des records de format – fut parfois faite de façon parodique ou du moins entachée de pensées marketing.

Mais le choix du format n’est pas seulement l’interrogation du photographe, celui-ci reste aussi constitutif des œuvres des peintres. À quel format correspond une réalité/image ?

La série des images « Google Earth » de Philippe Cognée (il fut probablement le premier peintre à en tirer parti dans son travail), dont l’une d’elles fut l’objet d’acquisition des Amis pour la réouverture du Musée, en est un exemple.

Google Earth a fasciné une génération d’artistes et plus largement cet outil a modifié notre rapport avec le format des images du réel.

La coexistence choquante de deux faits m’a laissé songeur :

-  on pourrait aller du plus grand (l'univers) au plus petit (le photon) en 40 clics de zoom 10 avec l'outil Google Earth. On parcourt ainsi le réel du plus grand au plus petit avec l’échelle 1040.

-  notre contingence avec le temps (c’est-à-dire avec notre espérance de vie moyenne) ne nous permet pas de quitter la proche banlieue de la terre. Mars est la planète la plus proche de notre terre, le voyage aller serait quand même de 5 mois avec les moyens de transport actuels et 4000 ans sont nécessaires pour atteindre la planète extérieure au système solaire la plus proche.

Ainsi, si l’on pouvait produire une image non reconstituée de l’univers tout entier sur un écran d’ordinateur (impossibilité absolue car d’où prendrait-on la photo ?), il suffirait de réduire la définition 25 fois avec la fonction Zoom arrière (grossissement 10) pour arriver au format de notre réel (la table de notre jardin avec ses chaises figurerait sur notre écran). 5 zooms arrière de plus, et on verrait alors les cellules de la boite de Pétri évoquée plus haut, 10 zooms arrière de plus on serait à la taille du photon. Et là, on est face à une impossibilité de nouveau…. Mais le noir est aussi matière chez Alice Godeau !

Et, même sans être familier des théories sur l'espace / temps, chacun peut rêver à sa manière devant l’œuvre d’Alice Godeau. Alors ? Trop près ou trop loin ?

 

NB : 2 tirages supplémentaires de cette œuvre sont possibles avec un format 50*50 cm

 

F. FIXOT, Ami du Musée